La rue PAUL DESCHANEL est la portion de rue située entre le croisement de Digny et la sortie du village en direction de Senonches. Elle fut baptisée ainsi, suite à l’inauguration de la mairie de Digny par Paul Deschanel le 23 septembre 1900. Celle-ci abritait aussi l’école jusqu’en 1996.
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Né à Schaerbeek près de Bruxelles en 1855, Paul Deschanel fut élevé dès son plus jeune âge à Nogent le Rotrou où il fut élu député et président de cette chambre. Enfin il sera président de la République de février à septembre 1920. Il mourra à Paris en 1922.
Il fonda le journal « la Dépêche du midi, dans lequel on peut lire les commentaires suivants relatant sa venue dans notre village :
« L’inauguration de la mairie de Digny est un évènement considérable. Les murs des maisons disparaissent sous les drapeaux et la verdure. Quatre arcs de triomphe annoncent les entrées du village et on y lit les inscriptions suivantes – SOYEZ LES BIENVENUS – PROGRES ET TRAVAIL – LIBERTE EGALITE.
Une foule immense attend l’arrivée de Messieurs Deschanel, Dubois député de Dreux , Laleu maire de Digny et Juliot son adjoint, l’ inspecteur d’académie , et le Conseil municipal. La fanfare joue la marseillaise et le cortège se dirige vers la nouvelle mairie à laquelle on accède par plusieurs arches surmontées d’un écusson portant l’inscription – A L’INSTRUCTION –
On peut y lire aussi que Monsieur le maire prononce un discours de bienvenue montrant combien il est honoré de la visite de Monsieur Deschanel d’autant plus disait-il que notre localité se trouve dépourvue de voies de communication et bien isolée. Dans son allocution il remercie tous les élus et administrateurs qui concourent à la prospérité et au triomphe de la république.
Après la visite des lieux, les jeunes Henri Leroy, Camille Colombel et Omer Bataille lisent un compliment à monsieur Deschanel et lui-même remet ensuite une médaille au « zélé instituteur comme récompense de son intelligence et son dévouement »
Puis tous se rendent au banquet sous une tente dressée dans la cour de la mairie ou deux cents personnes sont conviées à table pour déguster le menu servi par la maison Yvon :
Potage Perles des Roches
Bouchées à la Reine
Bar sauce crevettes
Civet de lièvre
Filet de bœuf à la Périgueux
Faisans rôtis
Salade
Haricots verts maître d’hôtel
Gâteaux bretons
Raisins, Pêches, Poires
Vins :Grand ordinaire, St Emilion, Champagne Mercier
Café – Fine, Rhum Ste Lucie, Kirsch Forêt Noire
Parmi les convives on cite certains noms qui nous sont aujourd’hui familiers comme : « Auger, Lacroix, Bataille, Cabaret, Peuret, Pipereau, Boileau, Peschard, Gateau, Chauvin, Folleau, du Tillet, Louveau… »
Au dessert, on boit à la République et dans les discours on loue « cette école où les enfants viennent acquérir des qualités morales de dévouement et de satisfaction du devoir accompli, de soumission aux ordres qui feront des soldats alertes et des citoyens laborieux et dévoués. On remercie monsieur Deschanel qui témoigne de son amour de la patrie, de sociabilité et de l’élégance de notre race ».
Dans ce texte le lecteur retrouvera les termes propres de l’article pour montrer le langage de l’époque, les valeurs enseignées en ce début de siècle , l’importance qui était accordée aux communes rurales, et l’ambiance qui régnait en cette période de paix entre les guerres de 1870 et de 1914.