Les Colombiers

Parmi les constructions pittoresques de notre région, on trouve les pigeonniers ou colombiers.

Sur la commune de Digny on remarque ceux du Romphaye, La Hallière, Groasleux, La Léthivière. D’autres lieux possèdent des tours mais qui n’étaient pas destinées à abriter des pigeons.

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Ces pigeons, plus spécialement appelé bisets dont le ramage varie du gris au blanc, aiment les toitures et s’habituent facilement au voisinage de l’homme qui les nourrit.

Posséder un colombier était un privilège transmissible aux descendants, mais difficile à acquérir car les pigeons causaient de grands dommages aux cultures. Ces bisets étaient très appréciés pour leur chair, leurs œufs et leurs plumes. En outre les déjections ou colombines étaient employées comme engrais.

La possession d’un colombier était donc très intéressante et la coutume de la région s’accordait à fixer les droits de mutation au même prix que ceux concernant l’habitation du maître.

Leurs propriétaires pouvaient aussi louer les colombiers avec leurs pigeons à autrui, et dans ce cas le preneur devait lui réserver des pigeons, moitié en volée de mars, moitié en volée d’août. Les pigeons devaient en principe être tenus enfermés à l’époque des semailles et des moissons mais cet ordre d’enfermement n’était pas respecté et une ordonnance d’Henri IV en 1607 interdisait à quiconque de les tirer.

A la révolution, lors de la rédaction des cahiers de doléances pour la préparation des états généraux de 1789, c’est un tollé général contre les pigeons, et la nuit du 4 août, l’abolition des privilèges conduira à la fin des colombiers car il sera désormais obligatoire de respecter l’enfermement des pigeons aux époques des semailles et moissons.. Il deviendra trop coûteux de nourrir les pigeons pendant ces longs mois et en outre la colombine perdra de son intérêt par suite de l’évolution de l’agriculture.

DESCRIPTION DES COLOMBIERS

Sur la commune de Digny, ils sont cylindriques au Romphaye , à Groasleux et à La Hallière , ce dernier ayant la particularité d’etre caché à la base par des bâtiments. Ils sont constitués extérieurement par le soubassement qui est souvent d’une maçonnerie soignée, plus épaisse que le reste et en silex. Ensuite quelques rangées de briques marquent le départ du reste de la construction constitué d’un blocage de silex couvert d’un enduit pour empêcher les prédateurs de grimper et le ruissellement des eaux. Vient ensuite la corniche en brique sous la toiture .Cette dernière recouverte de tuiles trapézoïdales est surmontée d’un épi de zinc.

Les ouvertures, soulignées aussi de briques sont souvent deux portes étroites, l’une au-dessus de l’autre.

A l’intérieur, c’est la pénombre, le pied du mur est enduit, toujours contre la montée des prédateurs dans les nids ou boulins. Ces derniers étaient en bauge, situés le long de la paroi mais souvent inexistants de nos jours.

Au centre, un poteau de bois autour duquel pivotait une échelle, permettant d’atteindre les nids.

Ces colombiers sont construits loin de la maison d’habitation, avec les ouvertures face à celle-ci afin de surveiller les entrées et sorties des oiseaux.

Sur le pigeonnier du Romphaye , la date de 1742 orne celui-ci par une inscription en briques. A Groasleux sur la grange la plus proche et paraissant dater de la même époque, 1703 est inscrit. Celui de La Léthivière a été construit en 1924. Il est carré, d’une architecture plus récente et couvert d’ardoises.

Ces bâtiments contribuent aux caractéristiques du patrimoine local qu’il est souhaitable de conserver.

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