LE NEWTON – 4 janvier 1871 – 108ème jour du siège de Paris.
On relate dans un document d’archives qu’un aérostat, le Newton, chargé de 310 kg de lettres et de quatre pigeons voyageurs s’éleva de la gare d’Orléans à Paris à 1 heure du matin, par une brume épaisse.
Il était piloté par Aimé Ours et Amable Brousseau de la Marine Nationale. Six heures plus tard, les voyageurs n’avaient pas la moindre idée du territoire qu’ils survolaient.
A 10 heures 30, ils atterrirent dans les champs de la ferme de Groasleux commune de Digny.
La région était constamment sillonnée par les convois prussiens et les deux pilotes se réfugièrent à la ferme de monsieur Firmin Maudemain à Groasleux et se vêtirent en ouvrier agricole pour se mêler à eux. Aidé de son voisin de l’Erable, monsieur Auguste Lécuyer, les deux paysans attelèrent une guimbarde de paille pour y cacher Brousseau et lui faire passer les lignes prussiennes, par La Ferté Vidame, aidés par monsieur le maire de Senonches.
Pendant ce temps, messieurs L’écuyer et Maudemain cachèrent le ballon et le courrier dans une des marnières exploitées à l’époque couramment sur la commune de Digny et incendièrent la nacelle, le brouillard les aidant à se dissimuler de l’artillerie prussienne qui circulait sur la route de Digny à Chartres. Ours qui vivait toujours au milieu des ouvriers de la ferme ne put remettre le courrier et les pigeons que six jours plus tard à la poste de Longny en se dissimulant dans une charrette de paille. Le message des pigeons était : » Ballon tombé à Digny – Hommes sauvés ».
On parle peu de cette guerre Franco-Prussienne qui dura du 10 juillet 1870 au 21 janvier 1871. Elle eut pour conséquence bien des dégâts sur les constructions dans notre région et la mort de nombreux soldats. L’armée prussienne occupait Dreux et en se dirigeant vers Le Mans, entraina des affrontements sur le trajet, notamment à Saint-Maixme.
En ce qui nous concerne, le 18 novembre 1870 eurent lieu les combats d’Ardelles et Digny, entre les troupes du Général prussien Wittich et les troupes française du colonel Marty, de l’armée de la Loire. Cette dernière s’était constituée pour aller libérer Paris assiégée.
Par la suite fut dressé à Ardelles, par les habitants de la paroisse de Digny-Ardelles, un monument aux morts à la mémoire de l’armée française et de deux soldats du 36ème régiment de marche tués à Ardelles lors de cette bataille. Ce monument a disparu de nos jours.