La Guerre d’Algérie

Chaque année lors des cérémonies du 11 novembre et du 8 mai, on rend hommage aux courageux soldats des deux guerres mondiales mais aussi à ceux de la plus récente guerre d’Algérie. Si la commune de Digny n’a fort heureusement pas de soldats morts lors de cette guerre qui compta près de 30000 morts parmi les soldats Français, 12 parmi nos habitants actuels furent appelés pour l’Algérie. Les témoignages que quelques-uns ont accepté de nous donner nous feront prendre conscience de la vie en ces moments difficiles.

Liste des anciens combattants.

M. MICHEL BOUCHARD Croix des combattants.
M . GUY BRISSARD Croix des combattants.
M. RAYMOND FALCE Croix des combattants.
M. SERGE GUILMIN Invalide de guerre.
M. BERNARD JUVILLE
M. CLAUDE LEROY Croix des combattants.
M. CLAUDE LORIN Citation à l’ordre du régiment, Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.
M. MICHEL LORIN Croix des combattants.
M. BERNARD MILLET Croix des combattants.
M. DANIEL MILLET Croix des combattants.
M. JEAN CLAUDE RICHARD Croix de la valeur militaire.
M. PIERRE THIREAU Croix des combattants.

Ainsi que ceux qui ne sont plus à Digny aujourd’hui.

« La guerre s’apprend, on s’y adapte » dit l’un d’eux, et pourtant quelques témoignages de trois parmi eux nous rappelle que la guerre dura de novembre 1954 à mars 1962, qu’ils avaient 20 ans et qu’ils furent envoyés pour passer 12 à 30 mois en Algérie pour assurer le maintien de l’ordre, leur disait-on et non pour faire la guerre.

Les premiers en 1954 furent les jeunes ayant effectué leur service de 1952 à 1954, rappelés en Algérie, laissant femmes enfants travail. Cela ne se passa pas sans manifestations.

Chacun note qu’ils partaient avec un moral au plus bas, que l’incorporation se faisait directement après quelques formalités administratives où il fallait indiquer entre autre l’adresse de la personne à prévenir en cas d’accident, l’instruction de quatre mois se faisant en Algérie, en France ou en Allemagne.
Les soldats étaient français ou arabes, les premiers encadrant les seconds.
Pendant ce temps d’entraînement aux maniements d’armes, tirs, marches, gardes et manœuvres, afin d’assurer la mission principale qui était pour l’un la protection d’une conduite d’eau extérieure alimentant Oran. « Notre présence n’empêchant pas à la rebellion de faire un feu d’artifice de temps à autre avec comme résultat l’arrêt de tout approvisionnement en eau. Nous « la Régulière » disons un grand merci aux légionnaires qui nous ont évités bien des fois de lourdes pertes, dit-il. Après les classes, il conduisait aussi un half trac, camion avec chenilles arrières au bord duquel ils étaient six, deux mitrailleurs, un aide chauffeur, un manœuvre radio et le chef de bord.

Pour un autre, qui avait fait ses classes alors que son frère était en Algérie, la mission était d’empêcher l’arrivée de combattants entraînés en Tunisie en gardant un réseau électrifié deux nuits sur trois. Au bout d’un an, trop fatigués, hommes et matériels furent mutés.
Le logement se trouvait dans des baraquements en bois, en chambrée de 30, sur des lits de camp, sans toilette, et avec parfois une seule ration alimentaire pour la journée lorsque celle-ci s’annonçait difficile.

Le témoignage d’un troisième, se trouvant dans un bataillon de choc sur le terrain des embuscades et du terrorisme. Avec beaucoup d’émotion il se souvient de ce copain, fils unique qui appelait sa maman et qu’il n’avait pu secourir, son supérieur disant qu’il était mourant ainsi que ce jeune soldat mort le jour de sa libération alors qu’en France sa famille préparait ses fiançailles. Il rappelle la difficulté d’aller désarmer les blessés dans l’embuscade, ces derniers s’accrochant à leurs armes. Il n’oublie pas non plus les Harquis, l’un d’eux, emprisonné avec toute sa famille s’est échappé, sa famille fut martyrisée et tuée, aujourd’hui, il vit en France, sans avoir pu obtenir la nationalité française.
Et puis l’incompréhension qu’il rencontrait au retour lorsqu’on lui dit : « cela s’est bien passé pour toi, puisque tu es revenu !!! »

« Pourtant, au retour, il fallait se réhabituer disent-ils tous » .

Aujourd’hui les 12 sont inscrits à l’UFAC, Union Française des Anciens Combattants, rattachée à la Fédération Nationale André Maginaux , et certains sont aussi membres de la FNACA , ce qui leur permet de se réunir ou de rechercher leurs copains de bataillons.